Qu'est-ce qu'une icone ?

Icône vient d’un mot grec « Eikon » (Eikon) qui signifie: image, ressemblance, figuratif, similitude. Pour les chrétiens orientaux, ce mot a un sens beaucoup plus restrictif. Il ne se rapporte qu’aux images Saintes du Christ, des saints, des scènes bibliques.

L’icône serait-elle donc une image pieuse ?

Non ! Les icônes ne sont pas seulement des images pieuses. Elles ont une valeur spirituelle, une valeur liturgique et obéissent à tout un art de la symbolique où les réalités de la foi sont figurées.

De ce fait, on ne peut admirer une icône comme si on regardait un tableau, uniquement en tant qu’objet d’art. Il est impératif de fournir l’effort de la replacer dans son contexte, dans la vie spirituelle de ceux qui lui offrent un culte. C’est un art chrétien, une théologie visuelle, une catéchèse par l’image. L’icône chante par ses moyens propres la gloire de Dieu.

L’icône est une vision de la Foi.

Elle est un support pour la prière. Elle est une » Prière pour les yeux » de ceux qui la vénèrent et une « Prière pour les mains » de ceux qui l’écrivent. Au travers de l’icône, la prière, adressée à Celui ou à Celle qu’elle représente, en est renforcée et dirigée.

L’icône est un canal de grâce, une fenêtre sur le monde de l’invisible. L’icône, née en Orient, est un lien privilégié pour l’oecuménisme. Le pape Jean XXIII proposait au patriarche orthodoxe, l’icône de la Vierge de Vladimir comme l’image de l’unité des chrétiens.

Que l’icône puisse occuper, égayer, un coin de notre foyer comme chez nos frères orientaux, comme si, nous pouvions garder, un instant, notre porte fermée, et faire monter une prière vers notre Père comme nous y invite l’évangile selon Saint Mathieu ch. 6, 6-7.

Ce ne sont pas seulement des oeuvres d’art, mais bien des prières en couleurs.

Pour cela, quelques instants sont utiles, pour vous présenter la façon dont nous pouvons lire une icône. Nous disons bien lire une icône car l’icône ne se peint pas, elle s’écrit. Elle possède sa propre grammaire artistique. Emile Male écrivait: « L’art iconographique est d’abord une écriture sacrée dont l’iconographe doit connaître tous ses éléments ». Elle est l’expression de la Bonne Nouvelle, l’égale des Evangiles et une des expressions de la parole des Ecritures.

De ce fait, l’iconographe est tenu de respecter les règles élémentaires imposées par l’Eglise.

Bien avant la Crise Iconoclaste, l’Eglise a éprouvé le besoin de formuler les principes de base concernant le contenu et le caractère de l’art sacré qui a commencé à s’exprimer dés le début du IVe siècle. Le canon 82 du Concile Quinisexte de Constantinople, en 692, définit le lien qui doit exister entre l’image et le dogme.

Il y est demandé de remplacer la représentation de l’agneau antique par l’aspect humain du Christ.

En 787, le 7e Concile Oecuménique pécise que » Du peintre dépend seulement l’aspect technique, mais tout son plan, sa disposition, sa composition appartiennent, dépendent d’une manière très claire des Saints Pères. » En 1551, le Concile des Cent Chapitres de Moscou prescrit aux évêques de veiller à ce que les iconographes s’abstiennent de fantaisie et suivent la Tradition.

Si l’artiste apporte sa technique, sa personnalité, sa sensibilité, il n’en est pas moins tenu de respecter les ordonnances ainsi définie par les Saints Pères. Tout cela s’acquiert auprès de personnes compétentes, personnes animées de la foi nécessaire à l’épanouissement de ce genre de prière.

I. Regles de l'iconographe

1. Avant de commencer ton travail, fais le signe de la croix, prie en silence et pardonne à tes ennemis.

2. Signe-toi à plusieurs reprises durant le travail afin de te fortifier physiquement et spirituellement, évite les paroles inutiles et garde le silence.

3. Prie spécialement le Saint dont tu peins le visage, garde-toi de la distraction (tu verras combien cela est difficile) et le Saint sera près de toi.

4. Accomplis soigneusement chaque détail de ton icône, comme si tu travaillais devant le Seigneur lui-même.

5. Lorsque tu choisis une couleur, étends tes mains intérieures vers le Seigneur et demande-lui conseil.

6. Ne sois pas jaloux du travail de ton voisin, son succès est le tien.

7. Ton icône terminée, rends grâce au Seigneur de ce que sa miséricorde t’ait accordé la possibilité de peindre les Images Saintes.

8. Fais bénir ton Icône en la déposant sur l’autel lors d’une liturgie. Sois le premier à prier devant elle avant de la donner.

9. N’oublie jamais la joie de répandre les icônes dans le monde, la joie du travail le l’iconographe, la joie de donner au Saint de rayonner à travers son icône, la joie d’être en union avec le Saint dont tu as peint le visage.

10. N’oublie pas que si tu ne sais pas prier, Dieu t’a donné le don de le prier avec tes mains.

II. Priere de l'iconographe

Maître divin, de tout ce qui existe, éclaire et dirige l’âme, le coeur et l’esprit de ton serviteur, conduis ses mains,

afin qu’il puisse représenter dignement et parfaitement ton Image,

celle de ta Sainte Mère et celles de tous les Saints,

pour la gloire, la joie et l’embellissement de ton Eglise.

III. Un peu de lecture ...

Les ouvrages de référence de l’atelier sont principalement :

  • « Théologie de l’icône » de Léonide Ouspensky ;
  • « Icône, image de l’invisible » d'Egon Sendler ;
  • « Le visage intérieur » d’Olivier Clément.